Jospeh Samaha (1949-2007)

Les mots se noient dans un silence assourdissant.

Joseph Samaha, journaliste, éditorialiste, écrivain, analyste, et penseur Libanais, est mort ce matin à Londres ; une crise cardiaque. Désormais c’est le silence qui s’écrit sur les pages d’un journal - des journaux. L’analyse politique n’est plus. La politique retombe dans l’incompréhensible. Il n’existe plus de réponses à des questions nombreuses. L’encre sèche sur une page inachevée. Beaucoup de larmes écrites seront insuffisantes. Ce n’est pas de larmes que l’écrit à besoin pour briser le silence de sa conscience, de sa raison, et de son existence.

Le sourire sagace dans le miroir de ses mots se transforme en une photo imprimée là où elle avait toujours existé sous une forme textuelle - sémantique. Un noir engouffre la première page, le deuil est certain, il est même sincère. Le noir ne s’agit plus d’une tradition symbolique, ou d’un choix contingent, c’est plutôt un noir symbole d’obscurité, de l’absence d’une lumière savante et non-esthétique.

Joseph Samaha ne se métamorphosera pas en martyre ; il ne s’incarnera pas en photo souriante sur la façade d’une ville aux murs surpeuplés ; il ne se révélera pas dans une sonorité rhétorique qui adresse les grands nombres. Il sera simplement, une idée minoritaire, une mémoire intraduisible, et des mots dans une archive qui échappent à l’oubli.

Adieu chère page de mon quotidien, adieu chères mots irremplaçables, adieu à cette « ligne rouge » que tu traces chaque matin.