mardi, septembre 06, 2005

sept

A présent il était enfin arrivé à la gare. Il ne savait pas si cette gare était réelle ou allégorique. Il ignorait le degré de réalisme de sa situation.

La gare était vide. Le train ne passe que dans les gares vides. Mais lui, il savait que le train n’arrive que lorsqu’elle est vide, mais il voulait attendre, il aimait cette attente.

Il n’avait rien ramené avec lui, il savait qu’il n’aura besoin de rien. Il était venu pour faire face à la fatalité, celle des tragédies et des mythes, celle de l’Histoire et des histoires, celle de la vie et de sa vie. Il était venu volontairement, oui, il avait décidé de venir. Même si sa décision est peut être inévitable et que le choix n’existe que fictivement. Le fait d’être conscient de la fatalité qu’il va affronter lui offrait déjà une satisfaction.

Il va prendre le train. Il va partir, il partira, il vaincra le sort. Depuis longtemps il avait acquis la certitude qu’il était maître de sa vie et de son monde. Il n y a pas d’impossible. Ce mot n’est qu’un renoncement à l’imagination, une barrière humaine, qui, au fond, n’est que peur de soi, une peur de ne pas maîtriser nos rêves, et donc on condamne l’imaginaire à l’impossibilité. Lui il n’avait pas peur de l’imaginaire, il le désirait comme on désir la puissance. L’humanité a peur de son imagination, et elle a peut être raison, lui il avait peur de son imagination et c’est pour cela qu’il la désirait.

Il savait très bien que « Dieu est mort », car c’était lui qui l’a tué. Un sourire dissimulé anime ses traits, il s’assoit sur le banc, désormais il doit attendre.