mardi, septembre 06, 2005

deux

Il s’était noyé, volontairement ou pas, dans les rétrospectives sociales. Il s’était dissout dans une foule avec un désir pervers d’effleurer l’hétérogène. Non ce n’était pas un désir, c’était une obligation, un semblant prétentieux de l’instinct, et il le savait bien. Mais pourtant il se réjouissait du malaise qu’il sentait chaque seconde et chaque heure. Il se perdait pour pouvoir se retrouver, pour pouvoir la retrouver, elle, la seule.

Il ne désirait que l’inconnu, les charmes incontournables du sort qu’il aimait tant, son ennemi juré. Il ne croyait pas au sort mais il l’attendait.

Il la cherchait dans les ombres parlantes, et se réjouissait encore plus lorsqu’il ne la trouvait pas. Une âme perverse, une âme fléchie par l’amour, le vrai, l’amour détaché, l’amour abstrait, l’amour idéal, celui qui n’a pas de forme, celui qui a toutes les formes.

Et puis, dans les nuits humides de la ville des songes, il se purge. Il la caresse avec ses mots, il effleure ses yeux avec ses doigts à distance. Il lui faisait l’amour avec ses phrases, avec violence, avec passion. Il la possédait chaque jour, tous les jours, le temps qu’elle lise son esprit.