mardi, août 30, 2005

De l'amour

“Rien n’est beau que le vrai, le vrai seulement est aimable.” Boileau

« Vous doctes à la haute et profonde science,

Vous qui devinez et qui savez

Comment, où et quand tout s’unit,

Pourquoi tout s’aime et se caresse ;

Vous, grands savants, instruisez-moi !

Découvrez-moi ce que j’ai là,

Découvrez-moi où, comment, quand

Et pourquoi pareille chose m’arriva. » Bürger

« Quant aux degrés inférieurs et aux simples amorces de cette passion, chaque homme les a journellement devant les yeux et aussi, tant qu’il reste jeune, presque toujours dans le cœur. » Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, métaphysique de l’amour.

« O toi qui supprimes l’oubli, l’espoir et l’ignorance,

Qui supprimes l’absence et qui me mets au monde,

Je chante pour chanter, je t’aime pour chanter

Le mystère où l’amour me crée et se délivre.

Tu es pure, tu es encore plus pure que moi-même. » Paul Eluard, Capitale de la douleur.

« Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,

Des divans profonds comme des tombeaux,

Et étranges fleurs sur les étagères,

Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,

Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,

Qui réfléchiront leurs doubles lumières

Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,

Nous échangerons un éclair unique,

Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;

Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,

Viendra ranimer, fidèle et joyeux,

Les miroirs ternis et les flammes mortes. » Charles Baudelaire, Les fleurs du mal.

« Blanche cicatrice, saignée de lune, danseuse de joie, je suis tombé dans ta cité, et tout au fond je me levai, et tout au fond je me tendis, à l’heure figée, je me tendis et te tendis ma chair, et le feu qui tombait s’éteignit dans le sang, du fond de toi j’était, du fond de toi je me livrai, pour tes grands yeux d’attente, pour ta raison et pour ta vie. Ce fut l’abîme entier où le plaisir allait se perdre, l’arrêt complet.

Je m’ouvris une bouche dans ton corps – la mer glissant à l’envers de tes yeux – le jour calmé soudain dans un fourreau d’opale – ma lointaine tu te formas, tu te rendis et tout se rapprocha, il n’y eut plus entre nous que le pouls combiné de notre espace. La mère du feu te donna le sein, le grand jour de notre union, voici qu’il se leva, et toutes douleurs broyées, l’aveugle vit les mains, prends tout, prends tout te dis-je, et que ton nom soit ma vie. » Jean Pierre Duprey, Premiers poèmes.