mardi, septembre 06, 2005

six

Les heures passaient, comme elles le font toujours. Des visages, des mouvements, des paysages et des mots envahissaient ses perceptions. Il avait toujours cherché la certitude dans toute chose, mais il ne pouvait toujours pas échapper au doute. Il était sceptique, au point extrême du pessimisme.

Il se sentait fragile, il se sentait vulnérable. Désormais elle avait le pouvoir de le détruire, et il n’y pouvait rien. Elle s’était emparée de son rêve, de lui, et il se réjouissait de cette conquête. Il avait toujours eu une certitude, ou du moins une nuance de certitude, pour tout ce que le temps pourrait dévoiler.

Il se souvient de la gare, il se souvient des idées qui lui sont venues en passant dans cet espace symbolique, cet espace allégorique. Il se sentait dans une gare, il attendait son train, il attendait le temps. Il avait toujours rêvé de ce voyage, le voyage vers l’autre coté de la vie, vers le rêve, le voyage hors de la réalité méprisable et banale. Il avait un jour acheté un billet et, depuis, l’avait rangé, jusqu’au jour où il trouva la gare.

Il savait que le train ne viendra que pour l’emporter, que pour le détacher de la vie. Il savait que le train n’était que celui de la mort, rien d’autre, rien de plus, mais il aimait le doute, il se permettait des instants d’espoir, des instants de faiblesse.

Il l’aimait. Il n’avait jamais autant aimé. Pourtant, le goût de l’amour ne lui était pas étranger. Il s’était emporté pendant des années dans une transcendance amoureuse rarement réalisable dans le monde réel. Il savait le goût des rêves et en était l’esclave. Mais ce rêve était différent, c’était un rêve pur, un rêve parfait. Les souillures de la réalité n’avaient aucune autorité sur ce rêve, aucune.

Il savait que c’est possible, il le savait très bien. S’il y a certitude en une chose, c’est que le rêve et la réalité sont identiques dans leur réalisabilité. Il le savait, il savait que le rêve est une œuvre, que ce n’est qu’une création comme la réalité. Mais le rêve est volontaire, le rêve est conscient, c’est la réalité choisie.

Elle doit comprendre ce fait primordial et tout sera possible.

Il avait peur.