mercredi, mars 07, 2007

Déraison ou de l’infaillibilité du non-raisonnable


« Elle va s’éveiller d’un rêve noir et bleu

Elle va se lever de la nuit grise et mauve

Sa jambe est lisse et son pied nu

L’audace fait son premier pas » Paul Eluard, Médieuses I

Une ombre s’évade ; la lumière ne trouve plus son vide. Et puis apparaît un phénomène dé-constructif – un spectre intraduisible, le spectre de l’intraduisible.

Le temps s’érode au passage d’instants calculables, mais indéfinis. Dehors tout demeure tel qu’il fut à un temps imparfait ; dehors tout était toujours.

Regarde toi dans le miroir qui absorbe ta beauté ; une surface qui s’échappe aux caresses ondulatoires. C’est dans les incises de la visibilité inerte que l’écho dessine son simulacre.

L’homme qui s’éloigne s’adresse à la montagne avec des paroles défiantes : « toi qui ne vois que peux et toute chose, sauras-tu prêter ton corps au grondement d’une beauté invisible ? » Avec patience, il attendra la réponse. La montagne s’incline en silence ; la réponse ne viendra pas.

Sous les draps de tes yeux se couchait paisiblement, l’imperceptible fantôme d’un passé différent. Soudain tu fermes les yeux, et les draps découvrent l’intimité d’un temps précédent qui passe toujours dans mes veines.

« Et par grâce de ta lèvre arme la mienne » Paul Eluard, Médieuses VII

Photo : Bekaa Ouest