vendredi, octobre 14, 2005

intervalle

A la limite entre la science, la morale et l’affection, se tient la raison. Jadis Zeus l’a protégé à sa façon.

Je ne sais pas si le monde à toujours été ainsi ou si c’est par le miracle du 20e siècle que l’humain est devenu une espèce des plus méprisables. Dans mon humble opinion, c’est l’éternel dualisme entre corps et âme, ou corps et esprit (dans le sens de faculté de pensée) qui se traduit à l’échelle macroscopique par l’humanité en tant que société « universelle » (avec toutes les affiliations au niveau politique, social, religieux, stratégique etc.).

C’est effectivement la démocratisation de la liberté [ou la Liberté] qui a causé une grande partie des contradictions morales de notre époque. L’illusion consciente est peut être le titre du siècle. Si le 19e siècle a créé l’industrie dans son sens matériel, le 20e a donné naissance à une industrie plus abstraite, celle des illusions. Marshal McLuhan avait annoncé « la société du spectacle », a présent c’est la société-spectacle. C’est la société elle même qui se transforme en spectacle à être vécu par les acteurs-spectateurs.

Tout un courant de pensée a rejeté la réalité pour une hyperréalité qui ne distingue plus illusion et réel mais un monde qui se vit inconsciemment, Baudrillard a bien évoqué l’impossibilité de l’illusion dans un monde où la réalité n’existe plus. Dans la vision prévoyante, annonciatrice ou inspiratoire des auteurs tels que Kafka et Orwell (mais bien d’autres comme Jules Verne ou même Platon), on peut discerner cette fameuse volonté de l’homme de crée l’Humanité, un système pour gérer une espèce. Dans ce sens l’homme est un animal qui se construit un instinct de survie ou bien serait il une espèce en conflit interne avec son instinct de destruction (la psychanalyse a contribué à distinguer ces deux faces). Contrairement aux espèces plus nobles (les animaux, les insectes et les végétaux), l’espèce humaine n’a pas une harmonie avec la nature, avec son entourage, c’est là que le besoin de créer des systèmes apparaît, la création d’instincts synthétiques (religions, mythes, science, logique, utopies, morales…).

C’est la morale qui s’oppose à l’instinct. La morale est l’imperfection « naturelle » de l’homme, l’aspect primaire de la perversité.

Un vieillard regarde la mer

Jadis il a vu un nuage dans l’eau.

La vie lui était transparente

De couleur bleue

Il se détache de ses yeux

Et se jette à l’eau

Il se regarde s’éloigner au large

Et se transformer en poisson.

Il oublie la terre et les oiseaux,

Mais regarde toujours à travers les yeux

D’un vieillard au bord de l’eau.