Drapeaux et totalitarisme
La question est purement existentielle. Ou peut être touche t elle à la politique.
Un gouvernement qui s’impose comme le seul représentant d’une population qui le rejette. La phrase semblera certainement fausse pour un observateur externe. Mais elle représente la contradiction qui est au cœur de la crise libanaise. Une grande partie de la population libanaise, pour ne pas dire la majorité, rejette son gouvernement. Le gouvernement répond par affirmer qu’il représente la totalité des libanais.
Deux solutions se présentent : la première que les libanaise sont uniquement ceux qui soutiennent le gouvernement et donc ceux qui opposent ce gouvernement ne sont que des traîtres. Bien que le gouvernement lui-même accuse ces mêmes gens d’user le mot traître contre lui – pour une illustration de l’usage de ce mot comparer son usage chez deux figures : Saad el Hariri et Hassan Nasrallah (le premier affirme explicitement que l’opposition est formée de traîtres « antom al khawana », le second accuse le gouvernement d’être une poupée américaine sans jamais user le terme « traître »). Le résultat est contradictoire bien que ceci ne change rien au « fait » que c’est l’opposition qui est accusée d’user ce mot. Comme le monde peut être absurde parfois.
La seconde solution est que ces gens qui demandent explicitement la chute du cabinet simplement n’existent pas. La démonstration qui aura lieu demain n’est donc qu’un mirage. Cette solution cède la place à une nouvelle contradiction au cœur du discours du gouvernement Libanais, celle de la démocratie. C’est une contradiction dont les droits d’auteur appartiennent au président Bush. Mais le gouvernement Libanais a acheté les droits pour les quelques années à venir. La contradiction est dans la phrase absurde qui dit que tout mouvement populaire, n’importe son ampleur, n’est qu’un complot pour détruire la démocratie Libanaise dont ce gouvernement est l’unique représentant. C’est égal à dire que même si la majorité des Libanais opposent ce gouvernement cette majorité du « démos » s’oppose à elle-même. Ces deux phrases iconiques du gouvernement Libanais annoncent une transformation du système démocratique libanais en une copie des démocraties de 99%. Un gouvernement qui malgré sa population représente toute la population : lire dans cela le régime de Assad en Syrie. Le gouvernement Libanais, selon une dynamique Lacanienne peut être, désir devenir l’Autre. Ou bien dans une lecture Freudienne, le gouvernement Libanais souffre d’une crise Oedipienne, il veut se procurer de l’image du père (la Syrie), la même image qu’il portrait comme le mal absolu.
Le problème est social peut être ou simplement intellectuel puisqu’il existe des gens de l’autre coté de l’écran qui croient à ce que le gouvernement dit. Il y a des gens qui placent les propos du gouvernement libanais au dessus de la logique. Ce que Sanioura, le premier ministre, dit – même s’il contredit toute règle de logique – est un degré supérieur de savoir. Ce choix de croire aveuglement, découle soit d’une incapacité intellectuelle, causée par une surexposition au totalitarisme des partis traditionalistes libanais, ou simplement n’est point aveugle. La seconde explication est probablement la plus logique. Ceux qui choisissent de croire Joumblat, le « Roi du parti socialiste » depuis que son père est mort (Joumblat qui est le monarque d’un parti qui porte le nom de progressiste socialiste, et qui est probablement le plus grand maître féodal au Liban, a l’audace de critiquer un autre parti pour le culte de la personne et pour le manque de démocratie dans ce parti.), par exemple lorsqu’il dit que la Syrie est notre ennemi depuis le début de la guerre civile, sont les même qui le croyaient lorsqu’il disait que la Syrie est notre allié naturel. Dans les deux cas ce n’est pas la vérité qui importe mais la capitulation au maître. Après tout ce n’est pas un Liban qu’ils cherchent mais leur pouvoir dans ce Liban, un pouvoir qu’ils imaginent toujours opposé aux « autres » Libanais.
A présent c’est un retour au ridicule du drapeau que notre gouvernement envisage ; les stratégies d’anesthésie populaire par l’usage de symboles lyriques. De nouveau ce sont des slogans sensationnalistes qui retrouvent leurs rôles. Des phrases dépourvues de sens concret : la vérité, la paix, le Liban, le drapeau, la liberté, l’indépendance, la solidarité. Tous ces mots qui n’ont point de sens sans une définition claire et un programme pragmatique pour les atteindre, sont bien sur dans la main du gouvernement. La formule banale et ridicule dit : si vous êtes avec le gouvernement, vous êtes avec toutes ces notions, ou bien, si vous êtes avec toutes ces notions donc vous devez soutenir le gouvernement. Voilà en deux mots le totalitarisme comme il est définit dans toutes les œuvres du 20e siècle. Il existe une seule vérité, un seul chemin et tout autre chemin est une tricherie.
Les gens ont une tendance à oublier que les régimes totalitaires ne se présentent pas comme tel, au contraire tous les régimes totalitaires se présentent comme des représentant légitimes de leur population. Staline ne disait pas qu’il est un dictateur, au contraire il appliquait le même contresens que le gouvernement Libanais, seulement avec plus de raison. Le paradoxe emblématique est celui des monuments qui fussent construis – par force – pour commémorer le pouvoir du peuple, lui-même dépourvu de pouvoir. Le peuple – opprimé – doit construire des monuments pour commémorer sa liberté inexistante.
Le principe de la gouvernance dans les systèmes républicains démocratiques est que le gouvernement est responsable de l’économie, la société, la sécurité et la représentation. Il est responsable devant son peuple. Ce n’est pas le gouvernement qui choisi le peuple pour qui il est gouvernement, mais le peuple qui choisi son gouvernement. C’est cette différence fondamentale que le gouvernement libanais ne réussi pas à comprendre.
1 Comments:
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