Retour à la politique
Je me demande depuis quelques temps ce que Foucault aurait dit s’il lisait les nouvelles politiques libanaises. Aurait il toujours utiliser le terme politique de la même manière ? Aurait il bien pu défendre sa notion d’énoncé et de visibilité comme étant les conditions du savoir ? Une chose est certaine c’est bien le primat du pouvoir sur tout savoir. Le primat des rapports de forces sur les relations du savoir.
Comment un individu spéculatif, et théoriquement doté de la faculté qu’on appelle souvent pensé, fait-il pour re-construire les propos des « 14 Azar – ou Mars » pour former un sens, n’importe lequel?
Pour un peuple qui se croit le plus intelligent du monde – ou au moins du monde arabe – il est étrange comment il se gouverne. Peut être c’est uniquement une intelligence spéculative aussi.
Dans la condition ou il n’existe point d’universalité, ou de savoir indépendant des conditions qui le rendent possible, l’engagement lui-même devient conditionné par les relations de savoir et les rapports de forces préexistants dans l’instant historique ou le sujet lui-même se trouve.
C’est donc hors du royaume de la morale que le jugement s’effectue ; c’est dans le domaine de la stratégie, peut être, qu’une réponse puisse exister.
L’engagement est donc toujours historique, ou mieux, historicisé.
Le but étant un changement des rapports de forces préexistants, il est donc nécessaire d’opposer les forces dominantes, ceci dans ses deux représentations, visibles et discursives. La résistance dans ce cas est toujours sous le risque de se trouver faisant partie – même si avec l’apparence d’opposer – du système qu’elle cherche à bouleverser. La résistance doit donc découler d’un dehors, bien que ce dehors ne peut être totalement dissocié d’un certain rapport au-dedans. En d’autres termes, toute résistance doit découler d’une force résistante externe au système dominant. Simultanément elle peut user des stratégies de résistance qui sont internes au système opposé. Deux possibilités peuvent être dérivées dans ce cas. La première de saisir le pouvoir sur le système, et donc garder le système dans sa forme discursive ou visible (ou les deux). La seconde est de changer le système lui-même. C’est aussi possible d’articuler la même idée autrement : saisir les mécanismes créateurs de vérités, ou bien changer les mécanismes selon lesquels les vérités sont crées.
Le choix de passer vers une nouvelle strate du savoir, ou bien stimuler le commencement d’une nouvelle strate, présente des problème au niveau théorique principalement : c’est l’extériorité à ce système qui est toujours problématique.
Il est bien nécessaire – si le but est de construire le Liban sous la forme d’une nation – d’inhiber un changement fondamental dans la structure. Ceci dit, La structure sociale, la structure politique, et la structure discursive.
C’est là que la liberté devient synonyme de la résistance. On devient libre dés lors qu’on reconnaît notre condition d'esclave, et c’est uniquement en ce moment que nous pouvons aspirer à devenir maître (la liberté dés lors qu'elle est reliée à la fonction du maître, devient synonyme du pouvoir - car le maître lui même n'est pas "libre" de l'esclave, ou plus libre que l'esclave en termes existentiels)
Peut on séparer le désir de la liberté et la volonté de pouvoir? Peut on les regarder comme deux désirs distincts l’un de l’autre ?
Lorsqu’une population, un groupe ou même un individu cherchent à se libérer d’un pouvoir qui les assujettisse, est ce la liberté qui les meut ou bien la volonté de pouvoir?
Les luttes de classes ne sont elle pas des luttes de pouvoir plutôt que des luttes pour des droits ? Le droit n’est il pas lui-même définit par le pouvoir qui le nomme ainsi, et donc dés lors qu’on cherche à « prendre » nos droits, ce n’est qu’une autre façon de dire qu’on cherche à redéfinir le pouvoir afin de définir nos droits - créer des vérités? Ceci n’est pas a condamné. La volonté de puissance n’est dans aucun cas à juger moralement. Elle est un constituant de tout sujet. C’est une condition première de la vie, ou même du temps.
Lorsque les classes ouvrières a l'aube de la révolution industrielle se sont révoltées, leur lutte était pour le pouvoir et non pour la liberté (bien que les deux buts se croisent souvent – peut être même doivent se voir comme un seul but). Prendre le pouvoir, c’est prendre la suprématie sur les énoncés et les visibilités qui en dérivent. C’est donc exercer notre liberté – notre dominance – sur un dominé.
Les luttes ouvrières, comme toute autre lutte, une fois abstraites, et vues comme vecteurs dans un diagramme, perdent leur aspect idéologique.
Les idéologies qui meuvent les révoltes sont dans ce cas rien que des représentations contingentes d’un désir de pouvoir, d’une volonté de puissance. Une idéologie est une résultante d’une convergence de systèmes de savoir, de rapports de forces et de techniques discursives et non-discursives qui se trouvent possibles à un certain moment dans un certain espace. Ce sont une rhétorique qui crée des vérités.
Ce n’est pas en guise de les juger que ceci est utile. C’est encore moins pour les réfuter comme révolutions factices. Puisque effectivement tout pouvoir est ainsi par vertu d’une résistance à ce pouvoir, et toute révolution a pour but de redresser les rapports de pouvoir préexistants, c’est donc possible de critiquer les idéologies de résistance selon un fonctionnalisme abstrait. Il n y a donc que la stratégie qui puisse agir comme critique.
Supporter une idéologie n’est pas identique à y croire – c’est par contre croire à la rhétorique de cette idéologie comme apte à assumer la position de domination. C’est un choix, non une conviction.
Photo: Henri Cartier-Bresson, Cell in a Model Prison in the
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