vendredi, juillet 22, 2005

Mobilité

Lorsque je pense aux choses, aux petites choses, qui pourraient me manquer, une impression visuelle, une image imaginaire, apparaît quelque part dans un lobe de mon cerveau. L’autoroute, une étendue aménagée sur laquelle des inventions humaines se lancent dans une tentative de se déplacer, de mouvoir, et tout autour un enchevêtrement de colonies humaines et de paysages quasi-naturels. L’image est aussitôt suivie par une sensation de plaisance, de repos, une sensation de paix. Je ne sais combien de Kilomètres j’ai tracé sur l’asphalte mutilé de cet autoroute mais je sais que c’est là qu’une partie indissociable et cyclopéenne de mes souvenirs a pris naissance.

Des lignes estropiées par l’effet de la culture, la violence, et les traditions guerrières. Des voitures qui dessinent le substrat du chaos national. Et un paysage qui change uniformément. Je me suis souvent demandé ce qu’est la cause de la sensation de confort, de plaisance qui me ravage sur les autoroutes marécageuses de ce pays. Serai-ce la vitesse, le déplacement lui même, le paysage, le vent qui porte par l’effet de la vitesse les débris ambiants de la mémoire collective des habitants passagers de cet autoroute, ou serai-ce simplement l’allusion de liberté qui émerge de toute tentative de s’éloigner de la source de tourments et de malaises, du rassemblement humain, des colonies sociales. C’est une drogue qui ne se consomme qu’en mouvement, c’est une drogue mobile.