mardi, août 16, 2005

Longueur d’onde

A la première lueur de soleil, c’est juste à ce moment unique par sa répétitivité incessante et éternelle, que mes neurones, à présent amoindris par les forces du corps et des matières, connaissent la vraie teneur du temps. Une lumière horizontale, portail de la lumière ambiante, prédécesseur de l’éclairement, dessine lentement les vicissitudes de mon existence. Instant répétitif, la clarté spirituelle, le moment spéculatif. La pensée m’envahi et je demeure, inévitablement, captif de l’inconscient qui surface. Bien que le concept même que porte le phonème inconscient me soit énormément répugnant, je ne peux qu’user d’une nuance relativement existentielle où la conscience de soi, aussi imparfaite qu’elle est, rencontre son imperfection dans une scène énigmatique où l’inconnu se dévoile en partie. J’existe continuellement. Exister est un acte. Un acte n’est quelque part qu’un mouvement quelconque d’énergie. L’énergie est périssable. J’existe toujours, difficilement, involontairement. Autant j’accorde de divinité à la volonté, je ne peux surpasser le fait que l’acte premier de moi-même n’était qu’involontaire et imposé.

« -Que faites vous du matin au soir ?

- Je me subis. » Cioran, De l’inconvénient d’être né.

Les interprétations et les raisonnements se divergent pour assimiler ce fait admis par certains. Un choix a priori doit suivre inéluctablement, une supposition initiale qui engendrera la logique, l’idée, la conception, la connaissance, la cognition, l’interaction, l’action, l’existence, la conscience.

Voilà le préjugé inévitable, le préjugé humain, la nécessité instinctive de la tendresse maternelle du préjugé.

Œdipe se métamorphose, son crime est désormais double.

Un jour au levé d’un soleil j’ai choisi mon préjugé.