dimanche, décembre 03, 2006

De la rhétorique


Afin d’éviter le jugement il est souvent utile de procéder par description. Ce que certains peuvent nommer une crise au niveau épistémologique dans le discours politique actuel (non au Liban mais en termes généraux, peut être peut on parler ici d’un système mondial), se dévoile en partie dans la rhétorique. L’intérêt de regarder de prés la rhétorique se résume en deux points. Le premier est que la rhétorique en tant qu’elle est un conflit doit être basée – et cela à priori – sur un système qui définit la réussite d’une stratégie ou sa chute. En d’autres termes, tout discours dés lors qu’il cherche à exercer sa domination sur un autre, est simultanément entrain d’imposer un système de savoir, et donc des vérités. Mais afin d’atteindre l’idéal qu’il prêche il est nécessaire d’agir selon les vérités du système dominant actuel. Le discours dominant serait en guise de défendre ses vérités et les maintenir, le discours résistant, lui, serait en guise de la déconstruire en usant les contradictions dans le discours dominant lui-même afin de proposer ses vérités en échange. Etudier la rhétorique d’un discours agit comme étape pour définir les systèmes de vérités – ou de savoir – belligérants. Le second point est la valeur absolue de cette étude, notamment celle de la stratégie. Les stratégies sont donc misent en valeur. La stratégie étant une discipline qui traite des objectifs et des moyens, implique ces deux notions comme présomptions. Il est donc nécessaire de critiquer une stratégie selon la relation qu’elle propose entre son objectif et les moyens/méthodes qu’elle propose pour l’atteindre : Donc en termes de ses propres définitions. C’est finalement ces définitions elles mêmes qui sont l’objet de telle étude, puisque ces définitions sont elles mêmes partie indispensable des systèmes de savoir et des forces en conflit.

L’un des problèmes du discours dominant actuel, dans sa représentation politique, est l’usage des technologies d’information (ou informatiques) pour substituer à l’argumentation. En d’autre termes, la représentation – ou doit on dire l’illusion – de toute chose ne nécessite plus un fondement réel mais sensationnel/esthétique. C’est le langage de la fiction et des narrations filmiques. Il faudra toujours se souvenir que ce que nous envisageons comme une médiation du réel (journalisme et information) et ce à quoi nous réagissons esthétiquement (fiction et art visuel), suivent la même médiation. Les deux formes de savoir dérivent du même objet ou de la même forme. Les systèmes de vérités actuels - dans le domaine politique – se rapprochent, pour ne pas dire sont déjà ainsi, des stratégies esthétiques. La rhétorique à présent simule la justification simpliste des stratégies filmiques. Cela est visible au moins à deux niveaux principaux. D’abord dans ce qui est du manichéisme et du simplisme moral, le bien absolu et le mal absolu, la morale est ainsi. Et ensuite dans l’inconsistance avec les lois naturelles. Cela peut être formuler d’une façon différente : l’action précède la justification, et l’action justifie la justification. La justification est une nécessité pour l’action dans les récits filmiques, elle n’est pas une condition mais un résultat. Souvent l’action diégétique et sa justification dans la diégèse ne nécessitent pas une consistance avec la démarche de leur équivalant naturel. Ceci est vrai dés lors que la nature est toujours le référant, ou bien qu’il existe un lien référentiel entre les deux « mondes » diégétique et naturel. Ces deux mondes qui pour Schopenhauer seront eux même médiés, et sont un degré semblable de représentation. C’est peut être l’un de ces deux systèmes de savoir et de vérités qui prend la relève. Le conflit est à présent entre ces deux systèmes de représentation. En termes idéologiques peut être, c’est un conflit entre illusionnisme et réalisme. Les deux pourtant usent des mêmes outils mais pour transférer des stratégies différentes et des vérités contradictoires. C’est l’usage de la technologie qui est ici au centre du conflit.