jeudi, octobre 27, 2005

Lorsque le livre l’a prise dans les bras

Prologue

C’est au ciel que tout commence, un récit cosmogonique, une genèse. Les nuages, à présent vulnérables à la neutralité du gris, caressaient la peau chaude d’un certain Aton ou d’un Helios.

I. Ses cheveux

Tout l’univers se résumait par une inclinaison de couleur nocturne. Le ciel se rassemblait en étoiles, des étoiles noires, allongées et minces. Le jour s’y perdait, et elle créait la nuit. Sous le soleil, elle s’éloigna de l’espace quotidien, social et vrai. Un mouvement automatique, machinal, imperceptible, l’espace se métamorphose, le temps gère le processus, et ses yeux assimilaient la totalité de l’instant.

II. L’eau qui cache la nudité

Elle se souvenait parfaitement des incidents saisonniers et climatiques qui subjuguèrent la sècheresse. Sa prolongation esthétique se trouvait ensevelie par une substance agréablement dérangeante. Ses pieds effleurent la nudité du sol, elle entre dans son âme à travers une porte, vers une chambre sans murs.

III. Dans ses rides, il y avait des montagnes qui gravissaient le ciel et des vallées profondes ; il habitait ces montagnes et ces vallées

Et puis le plafond s'est éclaté en mots, et elle touchait des livres, en dégustant la lenteur. Elle caressait les titres d’un regard enfantin. Et puis elle vit la peinture, qui provoqua des révoltes de mémoire ambiguës. Elle introduisit ses mains dans le livre, le viola avec ses doigts. Elle y reconnu la totalité, tout son monde et ceux des autres, des visages familiers et des mots qu’elle connaissait par cœur. Ses yeux cherchèrent l’esprit d’un mort qui habite une montagne, elle le tua encore une fois. Il lui offre un sourire. Elle le lui rend involontairement. Et le temps s’arrêta avant l’espace. Elle s’offrit au monde, et lui pris un mot.