vendredi, novembre 25, 2005

Fusion


Un jour, l’autoroute se dégageait devant mes yeux, j’étais immobile et l’univers tout entier me quittait comme une fumée qui se retire vers sa source. En ce moment, il n’existait pas de moments, le temps faisait partie de l’espace, une représentation comme toutes les représentations. Ce jour là j’entendais, comme chaque jour à l’époque, le quatuor de Schubert « la mort et la vierge ». La fenêtre était entrouverte, des résidus de l’âme d’une cigarette s’accouplaient avec la liberté de l’extérieur, moi je me détachais du monde.

C’était en ce moment précis que j’ai connu pour un lapse de temps immensurable, car le temps n’était pas, la totalité de l’être, ou ce que certain nomment la solitude, mais dans le sens de l’unicité. Je ne sais pas si ce voyage n’était qu’une hallucination comme toutes les autres ou si, cette expérience avait vraiment un sens.

Ce n’est point facile de revoir la réalité comme réalité, de revoir les représentations comme choses. Dehors rien n’est.

Mais, le moi n’est pas facilement apprivoisé, il s’échappe à l’unicité et l’unicité le fuit.

Je me suis perdu.

Esclave de ma volonté, je me suis volontairement livré à l’inconnu.

«…notre conscience a deux faces : elle est d’une part conscience du moi propre, c’est à dire de la volonté ; d’autre part, conscience des autres choses, et à ce titre tout d’abord connaissance intuitive du monde extérieur, aperception des objets. Plus l’un des cotés de la conscience totale se dessine nettement, plus l’autre s’efface. » Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, p1991-1992.

Peinture: Franz Von Stuck, Beethoven