Le moi le toi et les autres sujets, ou de l’impossibilité du sujet unique
A priori il y a la conscience de soi, un phénomène étranger à toute provocation rationnelle. Je ne sais plus. C’est le moment où la matière prend l’avantage sur le sujet souvent défini comme immatériel, comme une transcendance hybride entre un dieu de diverses formes et une animalité redoutée. Les phénomènes visuels et sonores s’emparent d’une nouvelle logique phénoménologique ; l’immobile est mouvant, le silence assourdissant.
C’est en cet instant qui sépare le moi instantané du moi requit que je pense à une musique qui me hante depuis la première fois que je l’ai vue, une musique visible, redoutable dans les normes humaines du doute.
Je me laisse entraîné par un mouvement réducteur et je me lâche au sommeil, les images se suivent dans ma conscience à présent déplacée de l’extérieur vers l’intérieur. Les images sont souvent sans référence mais leur valeur référentielle devient à travers ce paradoxe, l’essence même de l’expression inexprimable, l’expression du moi de lui même, pour lui même, la preuve irréfutable que le moi est un autre. Je pense à Rimbaud, lorsqu’il s’est rencontré et s’est rendu compte que celui qu’il rencontre c’est lui, et il écrit « Je est un autre ».
Le réveil entraîne avec lui les malaises insolubles du sommeil, il les importe sans contraintes économique. Je me regarde dans le mur blanc, c’est mon esprit vide, le mur n’est pas blanc, ce n’est pas un mur. Le mur trace la fin de l’espace et le commencement du règne temporel.
Je trahi mes pieds et je prend une attitude verticale envers la vie, et me lance dans l’horizontalité du temps. L’eau est un liquide suspect.
A présent je sais que l’illusion va reprendre son activité à n’importe quel moment, j’attends patiemment, elle est en retard. J’attends tout de même.
Mon corps est fatigué et me gouverne par sa fatigue, un coup d’état rationnel se prépare dans les geôles de ma conscience. La logique est un phénomène comme les autres. Hier j’ai défendu la subjectivité, j’ai incorporé la subjectivité au rationalisme le plus pur, celui qui doute de lui même rationnellement.
Le subjectivisme n’est pas prétentieux, le rationalisme l’est. Le monde est ma représentation par convenance et convention. Je ne connais pas le monde je l’assujettit, je l’incorpore dans mon ignorance, et j’en fais une connaissance relative.
Lorsque tu touches le piano, tes doigts dessinent des sons, des constructions qui s’emparent de la puissance attribuée à la vision. Un discours esthétique, ambivalent mais absolu dans l’immédiat. Lorsque tu touches le piano, tu n’existes plus car tu deviens musique et le sens devient sonore, tu deviens sonore. Tu deviens une autre. C’est un phénomène des plus transcendants, l’introspection de l’extérieur, l’existentialisme esthétique.
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