mercredi, août 24, 2005

Graphie

S’il existe un paradigme qui réunirai les différents arts dans le sens de leur fonction portée dans l’expression culturelle d’un peuple donné, il serai intéressant de noter le cas du cinéma dans les sociétés actuelles.

En fait depuis que la technique permet une recréation de la réalité en image. Donc en quelque sorte depuis que l’homme possède une technique qui lui permet de dessiner avec ce qu’il voit, le langage visuel a pris une dimension complètement nouvelle.

A présent une société peut non seulement voir, mais « donner à voir ». Dans la formule de Paul Eluard donner à voir serai le rôle du poète, mais dans ce cas le poète n’est autre que l’homme lui même. « La fin de l’imaginaire », peut être, mais reste que l’image est à présent un indice culturel indissociable de la société qui la transmet.

Dans l’étude historique, archéologique ou anthropologique, l’étude de l’art est souvent révélatrice des coutumes mais aussi des modalités de pensée et de comportement de la société étudiée. Ainsi un art caractérisé par une surabondance de portraits royales ou divins reflète une société imprégnée par cette présence, ceci étant un exemple simpliste de l’analogie existante entre art et culture.

La production visuelle a connu en parallèle avec les développement techniques un essor remarquable notamment dans les années 90s du siècle dernier.

Effectivement c’est l’accès presque universel aux techniques de réception mais aussi d’émission de l’image qui ont porté le plus grand changement dans ce domaine.

Si c’est la camera d’un touriste qui enregistre un moment aléatoire dans la vie de personnages anodins dans tel ou tel endroit, ou bien les lentilles d’appareils cinématographiques qui impressionnent des films destinés à des projections publiques nationales, locales ou internationales, l’image est a présent un produit de masse. Un produit accessible à tout le monde et en tout temps, sinon presque.

« Le langage est un fait social, mais ne peut-on espérer qu’un jour le dessein, comme le langage, comme l’écriture, le deviendra et, qu’avec eux, il passera, du social, à l’universel. Tous les hommes communiqueront par la vision des choses et cette vision des choses leur servira à exprimer le point qui leur est commun, à eux, aux choses, à eux comme choses, aux choses comme eux. Ce jour là, la véritable voyance aura intégré l’univers à ce jour là, la véritable voyance aura intégré l’univers à l’homme – c’est à dire l’homme à l’univers. » Paul Eluard, Donner à voir.

Entre le travail du poète et celui du cinéaste existe une nuance souvent surestimée. Comme le décrit Paul Eluard, le poète doit jouer le rôle d’un miroir distordant la réalité afin de l’emmener à un état plus réel, un état qui sera l’image de l’impression dans les yeux du poète. Le cinéaste déforme la vision du monde, il déforme la réalité objective pour ainsi créer sa propre réalité, celle qui, libre de tout les préjugés du réel, porte en elle seule un sens infini. C’est au moment de la perception de l’image que celle ci acquiert son sens et même son existence.

Le cinéaste est le poète de l’image, le poète de la vision. C’est celui qui a le droit et la responsabilité de transmettre la réalité autrement, d’une façon imprégnée par son intellect, son affect et son résidu socioculturel. Le cinéaste est le rêveur des temps post-modernes, où l’imagination a atteint le degré le plus réel, le plus palpable, où l’imagination devient universelle, accessible à tous. Le cinéma avait annoncé la fin de l’imagination mais à présent c’est l’imagination dans son état le plus vif. Image est imaginaire, étymologiquement liés, sont deux concepts fort contradictoires dans leur essence, mais dont l’un peut être le moteur de l’autre et réciproquement. C’est le passage « du social à l’universel » qui a donné au cinéma (et plus encore à la production visuelle en général) son rôle actuel dans l’empire des arts. Le cinéma c’est la poésie visuelle, la poésie directe, explicite.

Une société sans poètes sera l’enfer de l’histoire. Une société sans poète est une société qui n’a ni passé ni avenir, c’est une société qui n’est qu’au présent et inconsciemment, une masse uni-temporelle et latente.

C’est le poète qui donne sens aux mots, qui crée le temps. Le cinéaste, lui, donne une forme aux images. Quelle forme les plaines de l’Iran avaient-elles avant que Kierostami les filme. A quoi ressemblait Paris avant que le Pierrot de Godard la ravage ? Même les Etats Unis, ont ils vraiment une forme sans les caméras de Hollywood, mais aussi celles des réalisateurs New-yorkais ? Et les samouraïs de Kurosawa, et, et…

L’histoire impose des contraintes qu’une société doit respecter afin de subsister. Si un jour la peinture, ou la poésie exprimait les valeurs innées et acquises d’un peuple, le cinéma à présent est le langage culturel par excellence. Parler avec des images. Montrer ce qu’on voit, « donner à voir », voilà ce qu’est le cinéma.

1 Comments:

At 11:24 AM, Anonymous Anonyme said...

bonjour

 

Enregistrer un commentaire

<< Home