dimanche, mai 28, 2006

Les aiguilles de la montre n’indiquent pas le passage du temps


C’est comme si ma reconnaissance avait été séquestrée derrière une multitude de cloisons. Je désire l’aliénation autant que je crains le trajet qui y mène. Je m’engloutis dans des marécages de doutes.

Je m’engourdis fermement dans la rétrospection factice. Brumeux, semble-t-il le sentier du désir, parfois même ai-je vu des passions s’égarer. Pourtant je narre et m’illusionne comme un bon être pensant – homo sacer serai-je déjà. C’est le monde comme un désert ; des palmeraies occasionnelles et des mirages nombreux.

Corrompre le temps par des yeux rêveurs et retenir son souffle exhaustivement, c’est ce que la vie se veut pour s’offrir à quiconque ou à moi même.

Je l’entends inlassablement. « We live, as we dream – alone. » Joseph Conrad, Heart of Darkness.

Peinture: Georges de La Tour, La Madeleine pénitente


jeudi, mai 25, 2006

Libération



Je me souviens des images – de quelques images – et des voix qui rencontrent des oreilles depuis tant inaccessibles. Je me souviens aussi de la montagne que je vis pour la première fois de si prés. Je me souviens des bras qui confrontaient le fer ; de la porte qui s’ébranle sous la pression de la liberté. Je me souviens aussi de mon premier voyage vers ces terres auparavant inconnues. Je me souviens de m’être égaré et d’avoir senti une honte. Je me souviens de la pierre que j’ai lancée à travers la frontière que je ne reconnais pas. Je me souviens aussi de mon enfance ; des explosions lointaines associées toujours dans ma mémoire aux visites nombreuses au Sud. Je me souviens comment on m’avait appris de distinguer les bruits des explosions. Je me souviens des champs de mines qui s’entremêlent à la route. Je me souviens de la première fois que j’ai vue la Palestine à l’œil nue. Je me souviens surtout des sourires qui traversaient les rides sur des visages anciens. Quelque chose dans le sourire des vieux porte une symbolique mystérieuse ; c’est la présence intime de la mort et de la vie dans un même visage.

Photo: Le 25 Mai 2000 le Sud du Liban fut
libéré après plus de 22 ans d’occupation Israelienne. A présent pour certain ce jour là est un jour de fête.

mardi, mai 23, 2006

Réponse

D’abord une petite remarque sur l’usage des termes ‘psychologique’ et ‘philosophique’, la distinction entre les deux en termes de disciplines est peut être assez claire dans le domaine académique même si des interrelations existent entre les deux ‘domaines’. Mais, dire qu’une analyse est psychologique plutôt que philosophique ne procure simplement rien a l’analyse elle même. Toute pensée prétend se diriger vers la connaissance. Les moyens sont divers et infinis. La démarche qu’on suit n’importe sa forme, est toujours inscrite dans ce que le sens large du mot philosophie incorpore – qui est naturellement ‘l’amour du savoir’.

Bref, c’est pour dire que je ne crois pas à la distinction des disciplines. Une démarche mathématique, empirique, sociologique, ou psychologique suivant le sujet de l’analyse devient une analyse simplement. Certes, les idées exprimées dans le texte précédant sont adoptées de la psychanalyse de Lacan sans pour autant que je prétende m’incliner devant toutes les autres. L’inconscient dans le sens Freudien notamment n’a donc pas de place dans cette perspective. Par contre la force décrite comme inconscient par Freud pourrai être interprétée selon les termes de Schopenhauer, qui peut dans tel débat avoir une place privilégiée. L’inconscient comme force incontrôlable exercée sur le sujet, par lui même, serait comparable à ce que Schopenhauer nomme – à juste titre – la volonté. Après avoir poser que le sujet n’est pas – et ne peut être uniforme – l’étude du sujet connaissant doit se dirigé vers les éléments qui définissent la perception de ce sujet de lui même et du monde. Le sujet dans ce cas n’est pas un sujet constant – puisqu’il ne peut être UN sujet – mais un sujet dans le temps. Une conscience qui n’existe qu’au présent et qui est en perpétuel changement (la maxime d’Héraclite ‘on ne se baigne pas dans la même eau de la même rivière’ trouve ici un écho). L’étude du sujet est donc une étude d’un instant de ce sujet, d’une instance subjective. C’est dans se postulat que Schopenhauer est adapté. La volonté du sujet est assujettie elle même à la tyrannie des sens, et de la perception. Toute connaissance passe par les chemin destructeurs de la perception qui est – a priori – trompeuse. La volonté qui détermine la connaissance du sujet, elle, est en partie prédéfinie (le caractère) et en partie acquise (peut la personnalité). La partie acquise est l’expérience que le sujet à du monde, c’est sa définition de lui même par rapport aux autres et des autres par rapport a sa connaissance du monde. Tout est relatif à tout. L’ensemble de cette force motrice du sujet peut être interprétée comme semblable a celle que Freud nomme l’inconscient, et qui prise avec un certain simplisme généralement.

Le dilemme de l’inconscient devient le même que celui de la volonté, qui est – paradoxalement – prédestinée. Mais ce que Schopenhauer offre parmi son pessimisme fatal, c’est une lueur d’espoir que la connaissance ne peut avoir lieu qu’en limitant les effets de la volonté et ceci peut être accomplit par la compréhension des mécanismes agissant lors de la perception – ainsi limitant la perception trompeuse. Ceci est bien sur un idéal comme tout les autres, simplement impossible.

L’inconscient n’est donc pas inconscient, mais fait partie de la conscience du sujet, il la détermine sans être chose inconsciente. Son rôle dans la définition du sujet par rapport a lui même – l’illusion d’unicité – est simplement celui de la totalité des sujets dans le temps qui définissent le « lui » à chaque instant. C’est ici comparable à la mémoire, qui, chez Heidegger détermine la perception du temps et détermine en partie le temps lui même. L’inconscient fonctionne comme la mémoire pour le temps – c’est cette totalité de sujets conscients qui s’achèvent à chaque instant dans le sujet instantané qui lui est l’auteur de l’acte.

dimanche, mai 14, 2006

Interrogation


Je déguste mon passé.
Les moments nocturnes se déguisent en nuages.
Le ciel est vide et les étoiles locales.
Elles ne se dévoilent pas partout.
Une impression cervicale se désintègre lentement et se réincarne en spectre.
Lorsque la lumière est favorable, une ombre apparaît.
Toute existence se détermine par son ombre.
Toute ombre se détermine par la lumière.
Une ombre n’est pas un objet.
C’est une représentation physique.
C’est une absence et une condition d’existence, simultanément.
Le langage est une ombre, une absence qui détermine l’existence.
Sans langage rien n’est nommé.
Nommer c’est affirmer un état – une existence.
Y a-t-il objet sans langage – sans nom ?
Dés lors qu’on désigne une chose, elle existe, uniquement par son nom.
Elle se présente à l’esprit, en vertu du langage.
Le néant n’existe pas ; ce n’est qu’un paradoxe.
Dés lors qu’il est nommé, le néant n’est plus.
Dés lors qu’il est, il n’est plus.
Il est une chose – un objet – puisqu’il est.
La vie – ou l’existence – n’est qu’un exercice linguistique.
Mais l’existence elle même n’existe pas.
Elle n’est qu’ombre parmi la lumière.

Qu’est donc la lumière ?
Peinture: Giorgio De Chirico, Melancholy.