vendredi, septembre 30, 2005

Narration

Un jour à l’intersection de la vraisemblance avec l’illusion un homme invisible attendait ses yeux,. La lumière lui échappait constamment. Il regarde sans distinguer l’ombre de la lumière, mais reconnaît le paysage comme s’il lui était intérieur, il le voyait comme la lune, avec des yeux de chauve-sourie.

Le temps passe et il se souvient de ses mots, il écoute et puis disparaît sous les bruits juxtaposés de la mémoire.

Discontinuité

Je me souviens d’une lumière qui me montrait le chemin de retour, à chaque fois que je prenais la trajectoire prescrite par les prêtres de la vie moderne. Elle se lamentait sous les étoiles rayonnantes de la ville céleste. L’obscurité était divertissante, les ondes flamboyantes sous les ténèbres rythmées se reproduisaient éternellement. Je me regarde dans mon miroir interne et je vois l’ombre d’un visage familier. Une question personnelle et je me reconnais. C’est le jour de ma naissance que je me suis rencontré dans une chambre blanche aux murs multicolores. C’était mon premier amour, pervers comme la vie.

Je me souviens de sa peau douce comme les paysages printaniers, un semblant de calme qui dissimule une résurrection immanente. Je la contemple comme un vieillard au bout d’une rue déserte et désertique, elle est belle comme la pluie, humide comme une mer. Je me laisse emporté par son regard et me plonge dans ses yeux. Une lumière suffocante me transperce et je me laisse emporté par ses caresses maléfiques, je pleur des rêves et puis m’endorme dans les bras d’un spectre parfais.

Je cherche les pouvoirs divins et créateurs, des images invisibles violent ma vision, je pense, je sens et je réagis.

Le charme irrésistible de la reproduction me hante comme un diable.

dimanche, septembre 25, 2005

natation

C’est peut être l’acte de converser qui me procure souvent cette sensation ambiguë que je ne pourrai décrire que comme une fusion entre dégoût, répulsion et passivité contextuelle.

Parfois, souvent même, je me sens comme une statue que le temps a transformé en vestige. Un mort-vivant hostile vis à vis des plaisirs quotidiens.

Parler pour rien dire, converser pour produire des sonorités, rire et sourire, simuler un bien être inexistant. Parfois je me trahis et je me plonge relativement dans ce lac stagnant d’insignifiance, parfois je reste fidèle à mes intentions et mes normes et je me comporte comme je suis, un misanthrope amoral que les visages souriants évitent.

Seul dans les nuits obscures entouré par les images mouvantes

Captif des mouvements intérieurs, prisonnier de la conscience

Le temps qui passe n’est qu’une illusion,

Les minutes sont mortes, un génocide horaire

Quelques secondes rescapées animent mes yeux

Je ne vois plus, mais je regarde

Un reflet lumineux flotte sur l’eau

C’est un visage familier que je ne connais pas

Je ferme les yeux et je nage.

lundi, septembre 12, 2005

des mots

“The word always comes from the mouth of another.”

“The word is interindividual. Everything that is said, expressed, is located outside the “soul” of the speaker and does not belong to him. The word cannot be assigned to a single speaker. The author has his own inalienable right to the word, but the listener also has his rights, and those whose voices are heard in the word before the author comes upon it also have their rights.” Bakhtin

vendredi, septembre 09, 2005

Des mots nocturnes qui cherchent l’amour, parfois dans les pages blanches

C’est dans la page blanche que l’amour prend forme, que l’amour s’incarne en un état d'existentialisme. C'est l'état que l'homme, depuis que la nature lui a infligé une conscience de soi, cherche à connaître, à goûter, ou même des fois, pour les plus sages d’entre nous, à posséder.

C’est une page blanche qu’il me reste à écrire.

Je sens en moi un semblant de révolte, d’insurrection. Dans les ruelles de ma volonté, les pavés appellent les souliers de la masse. Je retrouve, lentement, la main mise sur mes pulsions, ou serai-je entrain de le souhaiter.

Chaque certitude que je trouve, disparaît simultanément. Je me situ dans le périmètre de la pensée saccadée, de l'ignorance alternante.

Un spectre merveilleux m’a enchanté, et je me suis soumis à la douceur de ses reflets.

Je pense à Hamlet mais à Phèdre de même.

mercredi, septembre 07, 2005

les jours

Elle n’avait pas de forme. Son invisibilité nourrissait son charme fatal. Elle était la perfection par son inexistence matérielle. Elle était la femme, la seule.

Elle voulait avoir une forme, mais avait peur de ses yeux, elle avait peur de la vie.

Elle le torture. Elle le consomme. Elle le possède.

C’est toute une autre histoire, leur histoire. L’histoire de leurs corps.

C’était cette histoire qu’il voulait. C’était cette histoire qu’elle craignait. C’était cette histoire qui vaincra la vie, le monde, la réalité. Qui changera l’histoire.

Lui, vivait pour l’histoire. Elle, vivait par l’histoire.

C’est l’œuvre de la volonté, l’essence de toute recherche rationnelle, de toute existence, de toute conscience.

Désormais l’acte est inévitable. Il savait que l’action doit être radicale, mais sage. C’est à l’inconnu qu’il se livre, il se laisse emporté par lui même, volontairement.

Il va s’inscrire dans la réalité, la posséder et se laisser posséder. Désormais il n’existera qu’un seul espace, qu’une seule dimension, qui n’est ni rêve ni réalité, qui est l’état sublime de la transcendance, l’utopie des idéalistes, la muse des poètes, la vérité des sceptiques, qui est celle où l’idée est elle même la représentation, où l’entendement est a priori, l’espace qu’il appelle, par concordance terminologique parfaite, véritable.

C’est par delà la dualité, par delà la réalité et le rêve, par delà la volonté et l’instinct, c’est l’acte vrai, l’existence parfaite. C’est une tragédie qui raconte le Bonheur, une adaptation philosophique de l’expérience sensorielle. Une existence véritable, volontaire.

C’est plus que l’amour, c’est de l’existentialisme.

mardi, septembre 06, 2005

neuf

Elle, vivait dans la réalité, mais parfois se perdait dans le rêve. Elle s’éloignait des effets révélateurs du soleil et se plongeait souvent dans des nuits journalières, des nuits ensoleillées.

Elle ne se connaissait pas et ne voulait pas se chercher seule, elle ne voulait pas prendre le chemin interminable et dangereux de la découverte de soi. Elle cherchait un véhicule.

Lorsqu’un jour on lui expliqua que la réalité est ainsi, elle refusa de le croire, elle ne voulait pas de cette réalité. Mais les effets du temps et de la nature l’atteignirent rapidement et elle sombra pendant longtemps dans les ténèbres du réel palpable et simplifié. Elle oublia ses rêves, elle oublia que les rêves aussi sont réels.

A travers l’histoire humaine la majorité a souvent été fautive. Les rêves réels ont souvent été condamnés aux prisons, aux asiles, ou à la mort, mais jamais à l’oubli. Autrefois, un homme croyait au Bonheur. Jadis, un homme croyait aux étoiles. Un jour, un homme croyait à la Volonté. Naguère, un homme croyait aux vices de la morale. Ceux là parmi d’autres, sont ceux qui refusent les jugements et les connaissances de la masse, se sont les seuls qui existent.

L’homme n’existe pas en masse. Zarathoustra ne s’adressait plus aux foules, mais aux hommes, à des égaux, à des compagnons. Le surhomme n’est pas un produit de masse, c’est un produit individuel, un être unique.

Elle ne savait pas qu’elle créait l’histoire.

Elle ne croyait pas aux vérités populaires mais ne les combattait pas assez. Elle avait emprisonné son rêve dans la cage de l’imaginaire. Elle ne cherchait plus à l’affranchir, à lui céder la liberté, à se livrer à ses caresses intimes qu’elle désirait tant.

huit

Jour après jour il se rend compte. Au passage des soleils et des lunes il se découvre. Il ne cherchait plus de plaisir, il ne le pouvait plus. Il avait souvent essayé et essaye toujours, mais de moins en moins, avec un enthousiasme décroissant.

Il se détruit, volontairement, il se corrompt en mots, il se dégrade en phrases, il se décompose en textes, il s’altère en pensées.

Elle l’envahit comme un héro légendaire. Il l’adorait comme une déesse du mal.

Désormais il ne pense qu’à elle.

Elle, avait un désir. « Il ressemblait à tout, à une souffrance délicieuse, à un toucher délivrant. Elle désirait des mots, un esprit. Elle désirait des mains. » Elle se désirait.

Elle, avait un rêve. Elle était libre, elle était elle dans son rêve. Elle rêvait de lui. Elle rêvait la vie.

Elle voulait des yeux pour la décrire. Elle voulait des lèvres pour la raconter. Elle voulait des mots pour la dénuder. Elle voulait des phrases pour la comprendre. Elle voulait des mains pour la prendre. Elle voulait un corps pour l’aimer.

Elle avait peur de son rêve, elle avait peur de le réaliser. Elle ne voulait pas se jeter dans les labyrinthes de l’amour, elle était fragile et le savait.

Elle se battait contre son rêve, elle voulait le dominer, le posséder et le détruire. Elle voulait battre l’amour, elle voulait l’assujettir. Elle savait que la victoire était sa défaite, elle savait qu’il n y aura victoire qu’à la mort du rêve, qu’a la mort de son imagination, qu’à sa mort à elle.

Elle possédait le rêve, mais ne le savait pas.

sept

A présent il était enfin arrivé à la gare. Il ne savait pas si cette gare était réelle ou allégorique. Il ignorait le degré de réalisme de sa situation.

La gare était vide. Le train ne passe que dans les gares vides. Mais lui, il savait que le train n’arrive que lorsqu’elle est vide, mais il voulait attendre, il aimait cette attente.

Il n’avait rien ramené avec lui, il savait qu’il n’aura besoin de rien. Il était venu pour faire face à la fatalité, celle des tragédies et des mythes, celle de l’Histoire et des histoires, celle de la vie et de sa vie. Il était venu volontairement, oui, il avait décidé de venir. Même si sa décision est peut être inévitable et que le choix n’existe que fictivement. Le fait d’être conscient de la fatalité qu’il va affronter lui offrait déjà une satisfaction.

Il va prendre le train. Il va partir, il partira, il vaincra le sort. Depuis longtemps il avait acquis la certitude qu’il était maître de sa vie et de son monde. Il n y a pas d’impossible. Ce mot n’est qu’un renoncement à l’imagination, une barrière humaine, qui, au fond, n’est que peur de soi, une peur de ne pas maîtriser nos rêves, et donc on condamne l’imaginaire à l’impossibilité. Lui il n’avait pas peur de l’imaginaire, il le désirait comme on désir la puissance. L’humanité a peur de son imagination, et elle a peut être raison, lui il avait peur de son imagination et c’est pour cela qu’il la désirait.

Il savait très bien que « Dieu est mort », car c’était lui qui l’a tué. Un sourire dissimulé anime ses traits, il s’assoit sur le banc, désormais il doit attendre.

six

Les heures passaient, comme elles le font toujours. Des visages, des mouvements, des paysages et des mots envahissaient ses perceptions. Il avait toujours cherché la certitude dans toute chose, mais il ne pouvait toujours pas échapper au doute. Il était sceptique, au point extrême du pessimisme.

Il se sentait fragile, il se sentait vulnérable. Désormais elle avait le pouvoir de le détruire, et il n’y pouvait rien. Elle s’était emparée de son rêve, de lui, et il se réjouissait de cette conquête. Il avait toujours eu une certitude, ou du moins une nuance de certitude, pour tout ce que le temps pourrait dévoiler.

Il se souvient de la gare, il se souvient des idées qui lui sont venues en passant dans cet espace symbolique, cet espace allégorique. Il se sentait dans une gare, il attendait son train, il attendait le temps. Il avait toujours rêvé de ce voyage, le voyage vers l’autre coté de la vie, vers le rêve, le voyage hors de la réalité méprisable et banale. Il avait un jour acheté un billet et, depuis, l’avait rangé, jusqu’au jour où il trouva la gare.

Il savait que le train ne viendra que pour l’emporter, que pour le détacher de la vie. Il savait que le train n’était que celui de la mort, rien d’autre, rien de plus, mais il aimait le doute, il se permettait des instants d’espoir, des instants de faiblesse.

Il l’aimait. Il n’avait jamais autant aimé. Pourtant, le goût de l’amour ne lui était pas étranger. Il s’était emporté pendant des années dans une transcendance amoureuse rarement réalisable dans le monde réel. Il savait le goût des rêves et en était l’esclave. Mais ce rêve était différent, c’était un rêve pur, un rêve parfait. Les souillures de la réalité n’avaient aucune autorité sur ce rêve, aucune.

Il savait que c’est possible, il le savait très bien. S’il y a certitude en une chose, c’est que le rêve et la réalité sont identiques dans leur réalisabilité. Il le savait, il savait que le rêve est une œuvre, que ce n’est qu’une création comme la réalité. Mais le rêve est volontaire, le rêve est conscient, c’est la réalité choisie.

Elle doit comprendre ce fait primordial et tout sera possible.

Il avait peur.

cinq

C’était pour des raisons quelconques qu’il est arrivé, des circonstance communes, ou, tout simplement, la réalité des choses. Il avait déjà acquis une phobie ou tout simplement une apathie passive envers cet espace. Les uns nommeront cette attitude phobie, pour la simple raison qu’ils représentent cet espace positivement, les autres, qui le représentent négativement, la nommeront réalisme, ou autre, ou tout simplement, ne la nommeront pas.

Un temple, un autel, un théâtre religieux, et la loi divine est inéluctable, le ridicule moderne. Il avait passé la sélection. Il avait, par coïncidence ou par mérite, pénétré la cérémonie. Des ondes de longueurs différentes réussissaient à prendre un contrôle provisoire et tolérable sur sa motricité. Une foule cérémoniale, qui se livre au pouvoir d’un être sonore. Il faut une dévotion, correcte ou simulée, mais lui il ne l’avait pas, en fait il ne l’a jamais voulu, pour des raisons qui lui semblaient totalement logiques.

Il savait qu’il ne va pas survivre, il savait que ce n’est pas en changeant de lieu qu’il changera d’habitudes. Il essaya de se trahir, il avait même annulé autant de conscience qu’il le pouvait, mais pas la Conscience, pas celle là. Pierre Reverdy avait bien écrit, « on ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux ».

Il essayait d’avoir un rêve, de le posséder.

Il la voyait dans la laideur de toutes les femmes ; désormais la beauté lui était invisible.

Des formes asymétriques, des substances organiques, produits d’un renoncement à la conscience comme être suprême. C’est le temple de la masse, le temple de l’inexistence. Il méprisait les foules et n’y pouvait rien, des fois il avait essayé de tolérer, ou plutôt de subir des actes coutumiers, des cérémonies sociales, mais ce n’était jamais possible. Il ne pourra jamais goûter les plaisirs collectifs.

L’air dans cet espace se déguisait en marchand de sable, l’expérience corporelle est étrangère à celle de l’esprit, celle de l’entendement. Il était devenu une surface ondulatoire, il s’était inévitablement fusionné aux sonorités raisonnantes. Ses yeux, par contre, restaient fidèles à lui. Il était un étranger, un ennemi de ce royaume.

Elle avait des yeux rêveurs, le genre d’yeux qui distinguent un individu dans une foule. Son corps, témoin d’une volupté hésitante, une volupté à l’apparence imposée, commettait des mouvements atypiques, non rythmés. Elle avait des yeux qui portaient toute la laideur de l’espèce, toute sa banalité, toute sa faiblesse. Le rêve qui résidait dans ses yeux était autre que le sien, un rêve inférieur, un rêve irréel ou trop réel. Elle n’avait pas d’esprit, elle n’avait que des yeux rêveurs, mais elle ne rêvait pas, elle n’existait pas, elle était un objet, un objet répulsif, un objet inutile, des yeux sans esprit. Il la regardait et ses yeux ne pouvaient se lasser de subir le spectacle répulsif. Et puis, elle le regarda.

Dans la foule infinie d’ombres mouvantes, il ne voyait personne qu’elle. Le regard méprisable qu’elle avait, provoqua en lui des malaises physiques et mentaux, il éprouvait un dégoût insupportable, il avait mal. Elle était l’incarnation de la bassesse, de la méprise, de l’autre femme. Et elle le regardait, elle le regardait d’un regard qui se veut séducteur. C’est le fait qu’elle le séduisait ainsi qui l’entraîna dans une rage interne. Le fait qu’elle y croyait, qu’elle se croyait séductrice. Qu’elle croyait qu’ainsi elle pouvait le tenter. Ses yeux rêveurs, tellement souillés par un regard ignorant, un regard d’objet, une laideur métaphysique mais incontournable, l’avaient violé. Il voyait un monstre, une déesse terrible, une déesse des ténèbres les plus atroces.

Il la contemplait pour voir son amour, le voir par opposition, par négation. Il se lançait dans des spéculations imaginatives pour se transporter à cet espace réel qu’il partageait avec son rêve.

La répugnance atteignit rapidement des degrés insupportables, des degrés ultra-expérimentaux, il ne pouvait plus tolérer un seul regard de plus vers cette créature. Il voulait simplement arrêter cet épisode, il voulait s’éloigner de cet espace morbide. En fait il voulait oublier ou non. Il savait qu’elle, la vraie, était l’antidote, qu’elle était la seule. Il savait que désormais il ne verra que la laideur dans toutes les autres, il le savait, il le savait même avant qu’il ne la connaisse.

quatre

Elle était l’incarnation

trois

Elle l’avait touché, elle avait assiégé le fort de son affect et elle le torturait, elle l’assoiffait, elle l’affamait, et lui, il se réjouit.

Il voulait oublier Il voulait oublier le goût de l’eau, il le voulait, car il ne désirait que goûter sa salive, à elle. Il voulait oublier la saveur de la nourriture, il le voulait, car il n’avait faim que de son corps, à elle. Il voulait oublier le monde, il le voulait, car il n’aimait que sa conscience, à elle.

Il passait ses jours dans la dualité qu’il ne cesse de fuir. Il se transportait d’un espace à l’autre, d’une ombre à l’autre, il se noyait dans les mots insignifiants qu’emporte le vent. Il subissait inlassablement les conversations comme des coups de fouet qui laissent leurs marques jésuites sur son dos profane.

C’était un jeu, le jeu fatal de la vie.

Mais elle, elle est différente.

Parenthèse

Je me retire de lui, je me détache pour quelques phrases. Un besoin corporel et psychique, le besoin de soi, je retrouve lui même.

Je me suis perdu, entre le contact humain massif, l’affrontement sublime, et le désordre mental.

deux

Il s’était noyé, volontairement ou pas, dans les rétrospectives sociales. Il s’était dissout dans une foule avec un désir pervers d’effleurer l’hétérogène. Non ce n’était pas un désir, c’était une obligation, un semblant prétentieux de l’instinct, et il le savait bien. Mais pourtant il se réjouissait du malaise qu’il sentait chaque seconde et chaque heure. Il se perdait pour pouvoir se retrouver, pour pouvoir la retrouver, elle, la seule.

Il ne désirait que l’inconnu, les charmes incontournables du sort qu’il aimait tant, son ennemi juré. Il ne croyait pas au sort mais il l’attendait.

Il la cherchait dans les ombres parlantes, et se réjouissait encore plus lorsqu’il ne la trouvait pas. Une âme perverse, une âme fléchie par l’amour, le vrai, l’amour détaché, l’amour abstrait, l’amour idéal, celui qui n’a pas de forme, celui qui a toutes les formes.

Et puis, dans les nuits humides de la ville des songes, il se purge. Il la caresse avec ses mots, il effleure ses yeux avec ses doigts à distance. Il lui faisait l’amour avec ses phrases, avec violence, avec passion. Il la possédait chaque jour, tous les jours, le temps qu’elle lise son esprit.

Un

Il avait vécu un jour étranger, un jour même étrange. C’était une distance métaphysique qui le séparait momentanément de la réalité qu’il désirait tant. Mais ce n’est pas cette distance qui le tourmentait ni même ce détachement, c’était la possibilité que ce détachement existe, l’éventualité elle même, le concept en soi qui l’a surpris, qui l’a pris hors de garde.

Il avait vécu hors de lui même. Il était mort consciemment.